Où en est-on avec la laïcité ?Par Christian BRUSCUI, professeur de droit à l’Université d’Aix en Provence. La laïcité est-elle seulement la sécularisation de l’État, du champ politique ? Elle ne se réduit pas seulement à la sécularisation. La laïcité est une certaine conception de la société faite d’éléments publics et de relations entre personnes privées. Le terme de laïcité est relativement récent, la Déclaration des Droits de 1789 n’en parle pas. On s’aperçoit que la Révolution Française n’est pas franchement laïque. Le Concordat du 15 juillet 1801, posait des problèmes. Jusqu’à la constitution de 1948, on ne trouve pas de lois de laïcité. Lles parlementaires doivent assister à certains offices... La laïcité va s’imposer entre 1901 et 1905. Il aura fallu quatre ans pour préparter la loi de séparation. L’État ne s’allie plus aucun culte. La religion est considérée comme relevant de l’ordre du privé. Le Concordat, abrogé unilatéralement par la loi de séparation, est encore en vigueur dans les trois départements d’Alsace-Moselle rattachés à la France en 1918. Aujourd’hui, il semble que la laïcité, même si tout n’est pas règlé, ne s’est pas trop mal passée. En 1926, on a construit la grande mosquée de Paris, en reconnaissance aux combattants de la guerre. L’islam était une religion peu visible, sa question s’est posée à partir des émmigrations professionnelles. La pratique de l’islam, viendrait-elle en contradiction avec la laïcité en France ? Les pouvoirs publics avaient négligé le culte de ces pratiquants. Chacun est libre de pratiquer le culte à condition que ce ne soit pas une source de prosélytisme. La laïcité est-elle universelle ou non ? Elle est une norme française. Est-elle un droit de l’homme ? Non. La politique est un champ autonome qui a ses propres règles (depuis Machiavel). C’est un domaine qui se définit en tant que tel. Dans le jeu politique, diverses influences s’éxercent. La vie politique elle-même se fait au nom de principes qui s’imposent à tous, non religieux. Depuis les années 90, on assiste à des réflexions disant qu’il ne faut pas se priver des richesses des différences, sans oublier la laïcité. Il n’est pas question de reconnaître l’un ou l’autre des cultes, ni de financer la construction de leurs lieux. et par Jean PEYROT, professeur à l’IEP de Lyon. La sécularisation est le mouvement de soustraction des pratiques de la société, hors des disciplines de l’Église. C’est une logique de la laïcisation. Il y a un idéal laïc de l’école publique. Ce n’est qu’en 1972 qu’on a aboli l’obligation de prêter serment dans les tribunaux. La religion est-elle publique ? Le culte est collectif. La religion n’est pas publique. Il faut faire la différence entre religion et foi. La laïcité de l’école a précédé celle de l’état. En 1930, il ne faisait pas bon d’aller à la messe, si on était instituteur. La laïcité est née d’un combat : l’école devait accepter tout le monde. Comment faire dans une société où les gens ne sont pas d’accord sur le fond des choses pour vivre ensemble sans se tyranniser ? Pourquoi une remise en cause autour de la laïcité, de l’enseignement des religions ? Dans les années 70, n’importe quel professeur constatait qu’il existait une inculture religieuse. Philippe JOUTARD (rapport de 1989), relevait trois lacunes : 1) l’enseignement de l’histoire des religions, 2) celui de l’histoire des technique et, 3) celui de l’histoire de l’art. Une ambiguïté s’est nouée avec la laïcité. Dans sa remise en cause, on distingue deux stades : Le but de l’école est de donner aux élèves des références culturelles qui leur permettent de se reconnaître, de s’identifier, sans les mettre en contradiction avec ce qu’ils entendent dans leur famille. Conclusion : La laïcité est remise en cause mais elle n’est pas dépassée. La tolérance est l’acceptation de l’autre qu’on ne peut pas éliminer. |