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Article paru le jeudi 19 mai 2005 Un siècle de Loi de 1905
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Un siècle de Loi de 1905
séparant les Eglises de l’Etat
Interview par l’Humanité de Hubert TISON, rédacteur en chef de la revue de l’APHG : Historiens&Géographes
C’est 2005, l’année du centenaire de la loi sur la laïcité. Le 9 décembre 1905 est votée la loi de séparation des Eglises et de l’Etat. « La République assure la liberté de conscience. Elle garantit le libre exercice des cultes », mais « elle ne reconnaît, ne salarie, ni ne subventionne aucun culte. »
Cette loi est un principe fondateur de notre république.
Comment vivre concrètement la laïcité à l’école ? Du côté de l’enseignant, cela signifie n’afficher en classe aucune opinion politique ou religieuse. Sa seule boussole, ce sont les valeurs de la république, les droits de l’homme. Les programmes d’histoire prévoient l’enseignement des grandes philosophies politiques et des grandes religions. Celles-ci sont présentées au collège, à mesure qu’elles apparaissent dans l’histoire, reprises en classe de seconde. Toutefois, les programmes officiels devraient rappeler plus nettement que l’histoire comporte aussi l’étude de l’irréligion et l’humanisme athée.
Du côté de l’élève, la réserve s’impose aussi. Il ne peut y avoir à l’école de prosélytisme. En revanche, en cours sont présentées les grandes options religieuses, politiques, morales, qui peuvent ensuite être discutées dans de libres débats à condition que le climat s’y prête et de respecter les consciences de chacun des élèves. Le rôle des cours d’éducation civique est de valoriser la pédagogie du débat.
Et porter le foulard, la kippa et une grosse croix ? Cela vient rompre la nécessaire neutralité de l’école. Nous sommes favorables à la loi de 2004 sur les signes ostensibles. Mais elle doit s’accompagner d’un enseignement précis sur l’histoire de la laïcité française pour que nos élèves de culture musulmane comprennent bien que la laïcité s’est construite en France entre 1880 et 1905 contre l’emprise excessive de la religion catholique sur la vie politique et sociale, en non pas en 2004 contre l’islam.
La laïcité est-elle menacée ? L’APHG s’inquiète des tentatives répétées d’ingérence d’organisations ou de personnalités religieuses ou politiques qui voudraient dicter aux professeurs de l’enseignement public ce qu’ils doivent dire et enseigner en matière de religion. Elle s’élève aussi contre la contestation de certains cours (histoire des religions, Seconde guerre mondiale), condamne toutes les manifestations de racisme, d’antisémitisme et de sexisme à l’école. Nous sommes attachés à la laïcité républicaine qui répond à la question de vivre-ensemble dans une société pluraliste et fonde la paix civile.
Le centième anniversaire de la loi de 1905 le rappellera. Nous espérons que l’Humanité prendra toute sa place dans cette commémoration.
[Avec la collaboration de Pierre Kerleroux, membre du Comité National de l’APHG]
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