A.G. de l’APHG de novembre 2014
par
Compte-rendu de l’Assemblée générale de l’APHG,
I. Rapport moral du président Bruno Benoit :
Le bureau national a été bien occupé pendant l’année 2014 : multiplication des réunions, Inspection générale, DEGESCO, CSP, ministères, syndicats.
Qu’en ressort-il ? L’APHG est reçue et écoutée. Est-elle pour autant entendue ?
Je le pense, cependant pas autant que nous le voudrions. Mais cette multiplication des rencontres parisiennes prouve que l’APHG appartient pleinement au paysage éducatif en ce qui concerne l’histoire géographie. Que d’autres que nous parlent de l’histoire géographie, qu’importe. Nous avons pour nous une association ancienne, structurée régionalement, forte de ses membres et des propositions pédagogiques qu’elle défend avec une revue de qualité, avec des dossiers, des bibliographies, des compte-rendu, -les articles sont lus-, avec un site renouvelé qui attend votre engagement pour atteindre pleinement sa mission.
Engagement cela signifie présence, répondre à un appel, participer, fourni un travail. C’est une promesse tenue. Je remercie tous ceux présents ici et dans les régionales qui donnent de leur temps, ce qui est difficile à obtenir des nouveaux collègues, qui organisent des réunions, qui essaient de convaincre les collègues d’adhérer, viennent à Blois ou à Saint-Dié, qui font connaitre leur appartenance à l’APHG, qui n’est pas quelque chose de honteux, qui participent à des colloques et à de multiples activités. Cet engagement est aussi celui des membres du conseil de gestion qui va être renouvelé. Je remercie ceux qui ont accepté de céder leur place, dont Béatrice, Odette, Frédéric, afin que de nouveaux collègues puissent y apporter leur idée et leur présence.
Max fera un bilan des régionales : un bilan utile.
Quel bilan ?
Ce que nous avons défendu et qui semble avoir été entendu :
- une assurance qui reste à être traduite en fait concret concernant l’enseignement moral et civique.
Lettre de Madame la Ministre (en réponse au courrier du président de l’APHG) :
"l’enseignement moral et civique qui aura un horaire dédié et qui entrera en vigueur à la rentrée 2015 a vocation à être principalement pris en charge par les professeurs d’histoire géographie au collège. Des travaux interdisciplinaires seront en outre menés au collège dans le cadre des enseignements complémentaires sur des problématiques en lien étroit avec cet enseignement. J’ai lu avec plaisir dans votre courrier que les professeurs d’histoire et géographie tenait à cet enseignement. Je m’en réjouis et je sais pouvoir m’appuyer sur leur compétence pour le prendre en charge".
- les programmes resteront disciplinaires, même si le programme ne sera plus le fer de lance de notre enseignement et que la dimension pluridisciplinaire est fortement mise an avant
- une plus grande liberté pour l’enseignant dans la gestion de son année, à qui la hiérarchie devra faire confiance
- les quatre périodes en histoire sont conservées et il y a une nette amélioration pour le brevet en particulier.
Du flou et des interrogations :
- Nous sommes dans le flou total pour les horaires. C’est la DEGESCO qui tranchera et elle ne nous a rien dit.
- Quelle place pour l’inspection générale et les IPR, en particulier dans une vision pluridisciplinaire
- Quelle réalité se cache derrière compétence et socle ? Il faudrait que ce soit lisible, simple, intelligible.
- Interrogation sur la notion de culture commune pour une fin de troisième ? Ce ne sera pas une culture commune riche mais une culture minimale, laissant au lycée l’enrichissement de cette culture commune. On va vers une société, sur le plan des connaissances, de plus en plus duale, ceux qui savent et ceux qui ne sauront pas.
- Interrogation sur le sort des jeunes collègues des EPS : bureaucratie, lourdeurs des horaires, nombreux déplacements...
-Importance de la dimension scientifique des concours.
Quel programme pour 2015 :
- Se mobiliser pour que les promesses faites soient tenues : à la rentrée 2015, pour l’éducation morale et civique et à la rentrée 2016 pour la cinquième.
-Produire de la réflexion.
-Faire vivre le site
- S’engager fortement pour l’agora d’Amiens.
Et penser très vite à la nouvelle agora, en 2019-2020.
- Vigilance sur les tentatives de la remise en cause de la dimension républicaine de notre enseignement.
Conclusion : nécessité d’être présent dans les grands rendez-vous, localement.
Il faut recruter, toujours recruter, encore recruter, comme dirait Danton.
II. Rapport financier
Max a dressé un bilan des régionales, des adhérents et des abonnements.
Il a divisé les régionales en trois catégories en fonction de l’évolution de leur nombre d’adhérents : groupe A qui a gagné des adhérents (8 régionales)
groupe B a stabilisé ou ralenti la perte de leur adhérents (8)
groupe C qui perd encore de nombreux adhérents (11).
Chaque régionale peut connaitre sa situation.
Il a insisté sur le fait que l’essentiel des ressources vient de la revue. D’où la nécessité d’abonner les lycées et collèges à la revue. Le trésorier peut fournir aux régionales le nom des adhérents dont l’établissement n’est pas abonné à la revue.
Il a insisté sur la nécessité de faire adhérer.
La régionale de Bordeaux a expliqué l’érosion des adhésions, en particulier chez les jeunes collègues. Car il est très difficile d’établir des relations avec les IUFM et maintenant avec les ESP, à cause de profondes divergences sur la nature de notre enseignement. Elle a souligné la nécessité de faire connaitre l’APHG aux jeunes collègues, en s’appuyant en particulier sur le site.
La relation de Picardie qui est très dynamique a expliqué que ce dynamisme était lié à l’organisation de journées de formation de qualité associant universitaires et étudiants.
Mais il a insisté sur le fait que la relation avec l’APHG a changé : l’adhésion n’est pas automatique, il est indispensable d’aller à la rencontre des enseignants pour les faire adhérer.
Le rapport moral a été voté à l’unanimité ainsi que le rapport financier.
III. Discussion
La discussion a porté sur les questions fondamentales de l’articulation compétences et connaissances, sur le socle, sur la question disciplinaire.
La discussion sur la définition des cycles, sur l’articulation primaire/collège, sur les programmes se retrouve dans le rapport des différentes commissions.
Intervention de Michel Barbe lors de l’Assemblée générale au sujet de la place Robespierre :
A Marseille, nous avons remporté une victoire totale sur l’affaire Robespierre.
Le sénateur -maire Gaudin pensait se défausser de cette question sur un maire de secteur qui aurait voulu que l’on modifiât la plaque sur la place Robespierre, mais c’est sur lui qu’ont convergés toutes les lettres, le courrier qu’a fait notre président, des pétitions d’universitaires, d’associations : il était submergé d’informations et d’appels. Si bien qu’il a dû capituler en rase campagne.
Voici le texte de la capitulation, une lettre qu’il a écrit à une citoyenne et non pas une réponse à une organisation : dans le quartier de Mazargues, une des militantes du collectif de Mazargues pour le maintien, institutrice à la retraite, a été dans son enfance sur les bancs de l’école à côté de lui, puisqu’il est du quartier de Mazargues (et futur professeur d’histoire d’ailleurs !).
" Cher Madame, vous avez bien voulu appeler mon attention sur votre souhait de voir la place Robespierre à Mazargues conserver son nom et je vous en remercie. Il est vrai qu’au cours d’une réunion le changement d’appellation de cette place a été évoqué et si j’ai bien compris le maire des 9ème et 10ème arrondissements n’avait alors exclu aucune hypothèse.(Donc, c’était le Maire d’arrondissement. Lui il était vierge). J’ai eu l’occasion d’évoquer cette question avec Lionel Royer-Perreaut (le maire de ce secteur), je lui ai fait part de ma volonté de voir cette place continuer à s’appeler "Robespierre". (Le chef a parlé). En ce qui me concerne, je ne proposerai pas une délibération au conseil municipal tendant à donner une nouvelle appellation à cette place. En espérant vous avoir rassurée, je vous prie de croire chère Madame, à l’assurance de mes sentiments les meilleurs. Jean-Claude Gaudin.
Je voudrais attirer votre attention sur la signification de la suppression de la place Robespierre, dans un département où à Port saint Louis du Rhône un collège s’appelle "Robespierre" : la suppression de la place Robespierre est une "atteinte à la République", (comme notre B. Benoit l’écrivait dans sa propre lettre), la République une et indivisible, alors que nous sommes dans une fausse république, une République girondine et non plus jacobine, centralisée.
Discussion sur le rapport moral du Président Bruno Benoit :
Intervention de Michel Barbe. Il établit un lien entre la remise en cause de la République symbolisée par l’affaire de la place Robespierre et du débat sur compétences/ connaissances : nous ne sommes plus dans une république républicaine où nous transmettons des connaissances mais dans une République curieuse où nous transmettons des compétences : on nous transforme en enseignant de compétences. C’est un "’enfumage". Les compétences ne sont pas mesurables, les connaissances sont mesurables, par des examens, des concours à valeur nationale.
Il souligne l’importance de la reconnaissance des examens qui évaluent des connaissances, examens reconnus par les conventions collectives, au niveau national. Sinon, on est dans une autre République, explosée, qui va dans le sens de la territorialisation.
Il reprend un extrait de l’éditorial de Bruno Benoit du dernier numéro d’Historiens-Géographes : "Le 30 octobre, Monsieur Lussault, directeur du CSP, a reçu une délégation de l’APHG à Vanves pour nous entendre et nous exposer sa manière de voir les futurs programmes et, une fois ceux-ci publiés fin janvier 2015, nous rencontrer à nouveau pour en débattre.".
Tout est concentré dans " sa manière de voir" c’est-à-dire comment appliquer les décisions ministérielles.
Nous sommes dans une situation explosive : on ne peut plus enseigner.
Nous sommes arrivées aux limites des concessions que nous pouvons faire. Le Ministère et notre association avaient pour but unique de préparer un enseignement des connaissances le meilleur qui soit pour tous les niveaux d’enseignements. Mais aujourd’hui ce n’est pas pour ça qu’on nous convoque. C’est pour nous faire avaliser les mesures que le gouvernement prend, c’est-à-dire sa "manière de voir" et pas du tout la nôtre. Nous ne sommes plus dans un rapport d’égalité avec le ministère mais de subordination.
La question qui se pose : est-ce qu’on y va ou est-ce qu’on n’y va plus ?
La réponse donnée par Franck Collard :
Même s’il partage les analyses de Michel Barbe, il pense qu’il est indispensable d’y aller, ne serait-ce que pour montrer qu’on n’est pas dupe de la manière dont on essaie de nous enfumer ; pour expliquer l’exaspération dans laquelle on se trouve.
Sur le fond, Il est d’accord avec ce qui a été dit par Michel Barbe.
"Nous sommes dans un tournant dans la philosophie éducative. Nous sommes une association disciplinaire. Il faut absolument qu’on s’arc-boute sur la défense de nos disciplines et en même temps, on est en présence de gens comme Monsieur Lussault qui estime que la logique a changé. Il nous a dit ouvertement : "les disciplines sont au service des compétences, c’est ce qui permet de valider les compétences"... Les comités de pilotage, qui ne sont pas des comités disciplinaires, construisent des tableaux avec des listes de compétences à valider et en face mettent des disciplines qui sont susceptibles de valider ces compétences. Evidemment selon cette logique, savoir lire une affiche, cela peut se valider quand on fait de l’histoire, du français, lors d’une sortie scolaire lorsque l’on voit des affiches publicitaires dans la rue.
Je pense qu’il ne faut rien céder sur les connaissances tout en étant bien conscient que ce n’est pas seulement une question de coût, de gestionnaire ; c’est une question de philosophie de l’éducation. On est passé dans un monde qui estime que les connaissances peuvent se trouver dans le cloud, il suffit de taper sur un clavier et on les récupère, en revanche les compétences sont absolument indispensables.
Et je vois cette dérive dans l’université : dans les formations universitaires en histoire et géographie, les disciplines sont diluées. Les épreuves de première années sont avec des portails extrêmement larges qui sont devenus illisibles et qui font que, de même qu’à la suite d’un cursus dans une scolarité obligatoire du primaire jusqu’à la troisième, le nombre d’heures d’enseignement d’histoire géographie a diminué de telle sorte que les élèves ont perdu une année, de la même manière à l’université lorsque pour les rares étudiants qui arrivent au bout du L3 et qui veulent encore être professeur d’histoire géographie, on fait le bilan du nombre d’heures disciplinaires qu’ils ont reçus depuis leur entrée à l’université, on s’aperçoit qu’ils ont perdu l’équivalent d’une année universitaire.
Et ensuite on nous explique qu’ils n’auront pas besoin d’avoir des "savoirs savants" ; il suffira qu’ils aient les compétences pour occuper les élèves et organiser la grande garderie qu’est en train de devenir l’école.
Il ne faut rien céder sur ce terrain là, quitte à paraître ringard et dépassé. Il faut faire de la résistance en mettant ce qui nous reçoivent en face de leurs contradictions et tenir un discours de vérité".
Intervention de Daniel Letouzey.
Il a fait part de son désenchantement quant à la refondation de l’école engagée par Vincent Paillon, qui s’est traduit par la mise en place d’un enseignement moral et civique, dénonçant un lobbing sur la morale.
Il a fait part de son inquiétude quant aux échéances électorales mais aussi sa grande inquiétude concernant la violence des débats entre ceux qui dénoncent la fabrique des crétins et ceux pour qui on ne va jamais assez loin dans la démolition du disciplinaire.
Intervention de Bruno Benoit
Nous vivons un moment difficile où les matières de culture générale, qui enseignent des savoirs sont malmenées.
IV. Agoras d’Amiens : journées nationales de l’histoire et de la géographie.
Information complète sur le site aphgamiens2016.com
Début des inscriptions, le 15 janvier 2016.
V. Présentation des résultats de l’enquête sur les acquis des élèves de fin de collège.
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Compte-rendu rédigé par Christine Excoffier