Visite à la Société du Canal de Provence.

mercredi 10 décembre 2003

CANAL DE PROVENCE
Sortie des profs sur le terrain _

Mercredi 10 décembre : temps merveilleux et très beau soleil provençal.
La gestion de l’eau en Provence :
Visite à la Société du Canal de Provence. (S.C.P.)

Le groupe de l’APHG, reçu avec beaucoup de chaleur par la responsable du Service Communication - Madame Hélène Bobo - écoute la conférence de présentation de la SCP, devant la vaste carte murale de son dispositif régional au château du Tholonet dans le cadre magnifique de l’ancien moulin à huile.
La conférence de Madame Hélène Bobo.
C’est la sècheresse estivale qui caractérise la pluviométrie provençale. Non seulement mal réparties (3 à 4 mois seulement) les eaux de pluie sont torrentielles, ruisselant sur un sol incapable de les absorber toutes, transformant les rivières en crues et inondant les plaines.

Confrontés à ce problème, les habitants ont compris que pour vivre, il fallait trouver une réponse positive à la pénurie d’eau.

A. Comment assurer un approvisionnement régulier en eau ?
Les ressources :

1- Des eaux souterraines auxquelles on accède par forage, mais dont la quantité et la qualité ne sont pas toujours satisfaisantes.

2- Des cours d’eau. Beaucoup d’entre eux, au régime méditerranéen capricieux, offrent une eau de qualité et de quantité très insuffisantes.

Les romains ouvrent la véritable voie permettant de résoudre le problème : accéder et capter les eaux des deux rivières aux débits suffisants, Verdon et Durance. Ils comprennent que la solution pour acheminer l’eau consiste à creuser des canaux dans la terre en procédant par gravité. Mais, confrontés à la problématique du double paramètre de la géographie provençale : climat et relief, ils ne purent creuser leurs canaux dans la Basse Durance.

Moyen Age et Renaissance : c’est le tournant pour assurer l’approvisionnement en eau.

L’homme de la situation est Adam de Craponne. Ingénieur hydrologue, il formule la solution qui sortira toute la Provence de son problème de pénurie d’eau. A problème global, réponse globale en efficacité et rentabilité par la construction d’un seul et unique canal, le canal de Provence. (La Provence comprenant : Bouches du Rhône, Var, Vaucluse, Alpes de Haute Provence et Hautes Alpes excluant du périmètre des Alpes Maritimes)

Il a observé que les besoins en eau étaient inégalement répartis, surtout au sud des Bouches du Rhône et du Var actuels. Les autres auront très longtemps des ressources locales suffisantes.
1834 : catastrophique sécheresse à Marseille qui entraîne une terrible épidémie de choléra. Quoi qu’il en coûte, le maire décide de faire venir l’eau de la Durance : ce sera le canal de Marseille.
Pour ne pas manquer d’eau, les Marseillais comprennent deux choses :
- la nécessité d’avoir à anticiper sur l’évolution des besoins,
- entretenir l’ouvrage (longtemps construits en terre, les canaux sont d’entretien difficile).
Cinquante ans après, constatant que leurs besoins en eau évoluent, les Aixois, n’ont pas de ressources locales suffisantes, d’un côté, le canal dérivant les eaux du Verdon est devenu très vite très étroit ; de l’autre, la population composée surtout d’une noblesse préoccupée de ses petites histoires locales plus que d’entretien du canal, celui-ci est donc tombé en désuétude.

Fin XIXe, début XXe siècle : la région est affectée par un double mouvement : la révolution industrielle - énorme consommatrice d’eau - et l’afflux d’immigrants venant de toute l’Europe vers le Var développant une industrie touristique. L’été, lorsque les touristes arrivent, l’eau manque le plus. Pour développer la richesse économique il faut apporter l’eau en quantité et en qualité suffisantes.

B. Pour continuer à exister, la Provence doit trouver une solution permettant de répondre à quatre séries spécifiques de besoins en eau :
- eau urbaine : pour les besoins de la population,
- eau agricole : pour l’irrigation des terres,
- eau industrielle,
- eau protectrice contre les incendies (brumisateurs, coupe-feu, cultures anti-feu).
Tout cela représente des millions, des millions de m3 d’eau !
La solution : le canal de Provence à multi usages.
Pour cela, il fallut réunir :
- des moyens financiers,
- des moyens techniques, assurant la rentabilité dans la gestion des ressources par des machines, des hommes compétents, de l’eau en quantité suffisante.
Résoudre le problème juridique des droits d’eau.
La loi sur les droits d’eau sera complétée par la loi dite Charte du Verdon qui est une loi sur les réserves d’eau. Elle oblige à créer des réserves destinées à stocker l’eau anticipant sur les besoins : ce sont les barrages-réservoirs.

C. EDF intervient à partir de 1955, sous forme de concession : l’Etat ne sera pas propriétaire mais doit aménager les rivières pour la production d’électricité.
Premier barrage : Serre Ponçon à double fonction : produire de l’électricité et stocker les eaux pour alimenter le canal de Provence.

En 1957, regroupement des personnes consommatrices concernées : l’union faisant la force la solution adoptée pour la Provence est l’institution du canal de Provence, associant Var, Bouches du Rhône et Marseille formant une société de droit privé à laquelle s’agrègent ensuite les Alpes de Haute Provence, les Hautes Alpes et le Vaucluse.

1. But de la concession ainsi réalisée :

- gérer,

- construire.
1964 : début de la construction. Le canal, dérive les eaux du Verdon à partir de Gréoux, géré par EDF et le canal de Provence puis scission :
- usines hydroélectriques
- ouvrages de transport d’eau, moitié galerie, moitié à ciel ouvert.
- rayonner partout à partir de l’eau du Verdon.
2. Ce canal :

a) on va le bétonner
- pour éviter la déperdition d’eau par infiltration, c’est la solution idéale. La rentabilité est de 85% alors que la moyenne mondiale varie de 50 à 60%.
- pour préserver la qualité de l’eau, les villes prennent en charge le relais : potabilisation, acheminement, épuration et évacuation des eaux usées.
- pour un entretien plus simple, plus rapide, moins coûteux, sans priver les gens d’eau.

b) on choisit une technique de gestion de l’eau permettant à la région de se développer en acheminant et livrant l’eau sous pression (robinets, aspergeurs, goutte à goutte...) technique qui permet :
- de gérer l’eau d’un bout à l’autre de la chaîne, de gérer la demande en eau (arrosage chacun à son tour)
- cela associé à la connaissance des sols permettant le développement de l’agriculture.

c) 1971 : mise au point d’une technique de régulation permettant de maîtriser exactement la quantité d’eau à faire transiter dans le canal pour atteindre deux objectifs :
- satisfaire la demande en eau 365 jours sur 365.
- éviter le gaspillage des ressources.
Comment ? Par une gestion globale des centaines de kilomètres d’ouvrages principaux et secondaires à l’aide d’un seul ordinateur central qui fait des prévisions tous les quarts d’heure.
A l’aide de capteurs d’informations en débits et niveaux installés sur les points névralgiques du dispositif global, il répond à la demande réelle immédiate permettant de réajuster en permanence ses prévisions.
Ultime ramification de l’acheminement des eaux du Verdon par la SCE, puis, par la Société des Eaux de Marseille : le canal de la Campagne Pastré. Adduction gravitaire qui alimentait l’usine de soude de Montredon, son eau sert aujourd’hui à l’arrosage du parc, à remplir la pièce d’eau à canards et en cas d’incendie. Il est devenu un élément de l’aire de détente du quartier de la Pointe Rouge dans le 8ème arrondissement de Marseille.

On ne fait transiter à chaque instant par le canal que la quantité correspondante d’eau nécessaire !

D. Collectant la taxe, cette véritable agence de l’eau peut financer elle-même la prévention et la « guérison’’ de l’eau car la qualité livrée aux clients se trouve de plus en plus soumise à risque et donc de plus en plus difficile à maintenir.

Conclusion de la présentation de la SCP avant la visite des installations sur le terrain.

De quelle triple statut juridique est constituée la Société du Canal de Provence ?
- une SA, société d’économie mixte, aux capitaux appartenant majoritairement à des sociétés et collectivités locales.
- une SEM, société d’aménagement régional du territoire (construction d’usines hydroélectriques).
- une SAR, société anonyme de droit privé, autonome, devant assurer l’équilibre de la gestion de ses comptes, une des sources de son dynamisme.
C’est un des points sur lesquels, dans le monde, la SCP est souvent interrogée.

A l’issue de notre visite, la Société du Canal de Provence a offert à chacun de nous un DOSSIER PEDAGOGIQUE composé de dix-neuf « fiches thématiques », sept « fiches méthodologiques » et une « fiche ressource ». Une mine de très grande qualité en documents directement utilisables pour la préparation des cours sur le thème de l’eau en Seconde. L’histoire complète des moyens mis en œuvre en Provence depuis l’Antiquité romaine jusqu’à la création de la SCP pour résoudre le problème de l’approvisionnement en eau est présentée de façon particulièrement claire.
Vous pouvez vous en procurer un en vous rendant au siège de la SCP, Château du Tholonet ou en écrivant SCP Le Tholonet BP 100 13603 Aix-en-Provence. Tel. : 04 42 66 70 80 - site internet : www.canal-de-provence.com Relations publiques : 04 42 66 70 92

[Compte-rendu conjoint signé Marie-Antoinette Pastor et Michel Barbe. Les dessins sont de M.A. Pastor et les photos de M. Barbe]


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